Mobile Suit Gundam Iron-blooded Orphans

Dévoilée le 15 juillet 2015, Mobile Suit Gundam Tekketsu no Orphans (les Orphelins au sang de fer) est une série animée sortie à partir du 4 octobre 2015 au Japon. Elle se compose de 25 épisodes, ancrant définitivement la Saga dans ce format plus court, et se déroule dans un nouvel univers, le Post Disaster. La série a bénéficié d’une diffusion internationale via la plateforme Daisuki et en France elle est proposée par Wakanim et Crunchyroll.

La série s’est achevée le 27 mars 2016 sur l’annonce d’une seconde partie pour l’automne 2016.

Histoire

Post Disaster 323, 300 ans après un grand conflit entre la Terre et la colonie de Mars connu sous le nom de “la Guerre des Calamités”, la relation entre les deux planètes n’est toujours pas au beau fixe. Kudelia Aina Bernstein:pd/g-tekketsu/kudelia-aina-bernstein.html:lien}, une représentante de la ville martienne Chryse se met en route vers la Terre afin de négocier la volonté d’indépendance de la planète rouge. Elle est escortée durant son voyage par le CSG (Chryse Guard Security), une compagnie privée dans laquelle travaillent Mikazuki Augus et {lien:db:1558:Orga Itsuka.

Alors qu’ils préparaient la mission d’escorte de Kudelia, la base du CGS est attaquée par le Gjallarhorn, le despotique mouvement de maintien de la paix terrien. Abandonnés par les adultes du CGS qui ont préféré prendre pour la fuite, Orga profitera de cette occasion pour se rebeller contre eux et monter sa propre organisation. Aidé par Mikazuki et tous les jeunes du CGS, le Tekkadan nouvellement créé aura pour première mission d’escorter Kudelia sur Terre. Mais avec le Gjallarhorn à leurs basques et des industriels peu scrupuleux, leur aventure ne sera pas de tout repos… Pour se défendre, ils devront compter sur l’aide d’un antique Mobile Suit datant de la Guerre des Calamités, le Gundam Barbatos, face aux modèles dernier cri dont le Gjallarhorn dispose.

Aperçu

Gundam Iron-blooded Orphans (IBO) revient dans les rangs après trois ans de séries hors normes dans la Saga Gundam. En effet, la dernière à avoir été dans les traces de ses ainées fut Gundam AGE, là où les dernières séries partaient sur des approches totalement différentes. Après Gundam Reconguista in G:rc/g-no-reconguista/presentation.html:lien} qui a reçu un accueil frigide et {lien:db:1271:Gundam Build Fighters qui s’inscrivait dans la catégorie fanservice, nous revenons aux sources avec cette cuvée 2015 de la Saga Gundam. Néanmoins, celle-ci tranche avec les amorces habituelles de série Gundam, mais aussi dans son ambiance générale. Tout d’abord, IBO nous place dans un contexte où la colonisation spatiale est allé au point où Mars a pu être terraformée et habitée. Si Mars a été timidement explorée dans la série Gundam AGE, jamais la Saga n’a été aussi loin dans son expansion de l’Homme dans l’univers, si l’on exclue les quelques colonies de Jupiter de l’UC. Ensuite, IBO reprend l’idée d’un groupe paramilitaire de jeunes soldats déjà entraînés. Ici, pas d’adolescent emporté dans une guerre qui tombe par hasard dans le Gundam de la série. Le Gundam Barbatos n’est pas le prototype de dernière génération mais, bien au contraire, un ancêtre vieux de 300 ans dont le CGS exploitait les réacteurs comme source d’énergie pour sa base.

Rapidement, on ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec Turn A Gundam tant les éléments de base de l’histoire de la série sont proches. En effet, IBO reprend l’idée d’une grande guerre où l’humanité a failli disparaître et dont les protagonistes finissent par exploiter les reliques de cette époque pour se défendre. Si sur son contexte historique IBO rappelle Turn A, c’est à du Gundam 00 qu’on pense lorsqu’on voit la carte géopolitique actuelle de la série. Celle-ci nous raconte qu’à l’issue de cette guerre, les grandes nations du monde ont été regroupées en quatre blocs économiques qui détiennent le pouvoir sur une colonie de Mars. Changez colonie par ascenseur orbital, et vous avez le contexte de Gundam 00. Du côté du développement de la situation de la série, nous avons l’impression qu’il y a un traumatisme ambiant chez Sunrise depuis les critiques adressées à la série Reconguista. En effet, décriée car expliquant très peu son contexte au spectateur, G-Reco a provoqué un malaise désagréable pendant son suivi. Ne voulant apparemment pas reproduire ceci, IBO met les bouchées doubles sur son arrière plan géopolitique et passe de longs moments dans ses premiers épisodes à tout raconter. Outre des dialogues de personnages, la cerise sur le gâteau a même été d’avoir droit à la chronologie de la série qui a défilé pendant une séance de bla-bla. Si avec ça le spectateur ne comprend pas dans quel monde la série évolue ! Mais cette volonté d’étoffer un univers qui semble assez complexe risque aussi de desservir la série car sa narration devient relativement lente. Passé les deux premiers épisodes, celle-ci met longuement en place les bases de son histoire et s’avère être assez lente à démarrer. Et cette lenteur se fait sentir tout le long des 25 épisodes de la série où celle-ci a mis pendant une assez longue période son histoire de côté pour ne faire que de l’interaction personnage. Une lenteur assez regrettable dans la mesure où les premiers épisodes étaient bien dosés niveau action, personnages et histoire. Avec une vitesse de récit assez inégale, la série ira jusqu’à faire une perturbante élipse temporelle à son avant-dernier épisode comme pour vouloir monter d’un cran une tension inexistante auparavant. 

Dans son développement, IBO préfère partir sur un conflit adultes/ados plutôt qu’un conflit civils/militaires régulièrement exploité par Gundam (l’ado pilote du Gundam étant souvent un civil balancé dans le conflit). La série rappelle souvent que la bande de jeunes du CGS était maltraitrée, considérée comme des sous fifres bons à réaliser les tâches ingrates, voire chaire à canon. Cela donne lieu à des personnages aux mœurs beaucoup plus durs que ce que la Saga nous a habitué à voir comme protagonistes.

Les personnages de la série contrastent beaucoup les uns des autres. En effet, les « gamins » du CGS ont grandi à la dure. La majorité s’est vue implanter un système de contrôle pour les Mobile Worker qui fait office d’interface homme-machine abandonné depuis la Guerre des Calamités car considéré comme dangereux. Une bonne partie des membres du CGS sont illettrés et n’ont reçu que l’éducation nécessaire pour faire les travaux qu’ils doivent réaliser. Certains sont même des « débris humains », une sorte d’esclavage moderne où une personne endettée ou socialement exclue se retrouve sous contrat avec une autre entité. Les deux protagonistes de la série, Mikazuki et Orga, sont des soldats du CGS membres de la « troisième unité », considérée comme les faire valoir. Mikazuki et Orga partagent une relation assez particulière où le premier semble être l’homme de main du second. En effet, tout le long des premiers épisodes, on ressent la sensation que Mikazuki attend les ordres d’Orga et ne les discute jamais. Une amitié étrange de deux personnes qui ont grandi ensembles, mais dont les tenants sont développés assez rapidement.

A l’opposé de toute cette violence et vie difficile, nous avons en parallèle le personnage de Kudelia Aina Bernstein qui contraste avec son éducation de bonne famille. Kudelia est donc principalement utilisée pour faire une mise en avant de la misère dans laquelle les gars du CGS ont évolué. La série utilisera beaucoup la détresse de la jeune femme vis à vis de ce spectacle au début pour lui permettre de nouer une relation avec des personnalités que tout oppose à première vue. Le clou du spectacle étant les ambitions des personnages qui sont à une échelle totalement différente. Si Kudelia veut libérer Mars de la pression économique et politique des nations terrestre, les membres du CGS avec qui elle évolue aspirent à une vie simple et sans grande prétention. Concernant la troisième faction qu’est le Gjallarhorn, on constate qu’il hérite des codes vestimentaires et comportementaux de la série Gundam Wing. Les personnages sont haut en couleur et arborent des tenues rappelant celles d’OZ ou de l’Alliance Terrestre. La faction n’est pas sans rappeler le groupe des Titans de la série Zêta Gundam.

Du côté du mecha design, la série s’offre une nouvelle fois une bonne équipe composée de designers avec tous un style particulier. Le Mobile Suit star de la série, le Gundam Barbatos est dessiné par Naohiro Washio. Celui-ci n’est pas un grand habitué puisque son travail sur Gundam se résume à la série Gundam 00 et ses alternatives. Du coté de ses autres travaux, nous noterons par exemple les séries Fafner. Le Gundam Barbatos est très différent de ce qu’on est habitué à voir. La série part du principe qu’il existe 72 Gundam Frame, les squelettes internes de Mobile Suits sur lesquels viennent se greffer les pièces d’armures. Celui-ci donne un aspect plus chevalier occidental avec des formes très pointures et des épaulières rondes. Dans la même équipe, nous retrouvons Kenji Teraoka qui participe régulièrement à la Saga et qui a signé pour cet opus différents véhicules dont les fameux Mobile Workers utilisés sur Mars. Nous retrouvons également Kanetake Ebikawa, devenu un habitué de Gundam depuis la série Gundam 00 qui signe ici les Graze, les Mobile Suits du Gjallarhorn qui sont censés être à la pointe de la technologie. Enfin, nous avons Ippei Gyoubu dans l’équipe, qui avait fait ses armes su la série Gundam Reconguista in G et ici signe entre autres l’un des autres designs de Gundam, le Kimaris.

Un élément appréciable sur le traitement des mechas de Gundam IBO, c’est que la série applique bien le concept du real-robot dans lequel le mecha est un outil. En dehors des phases de combat ou scènes lors des maintenances, les Mobile Suits sont très effacés et jamais personnifiés. Le Gundam Barbatos est ainsi très absent et le mérite des actions au combat revient toujours à Mikazuki plutôt qu’au Barbatos. Cette réplique lancée dans la série fait opposition complète à Mobile Suit Gundam dans laquelle il était dit que Amuro comptait trop sur les performances du Gundam. On notera également que la série n’exploite à aucun moment de technologie “Beam”, ou faisceau de particules, si chère à la Saga Gundam. En effet, les armements de Mobile Suits et vaisseaux spatiaux sont exclusivement des projectiles ou des armes blanches. Lors d’une interview, le mecha designer Naohiro Washio a d’ailleurs confirmé qu’il n’y aura pas de technologie “Beam” dans la série au profit d’armes “plus intéressantes” selon ses dires. 

Niveau réalisation, Gundam IBO se défend bien. La série bénéficie d’une grande partie du staff de Gundam 00 qui fut une série de très bonne qualité visuelle. Cependant, la série est quand même un cran en dessous des productions qui lui sont contemporaines. Ce qui est, au final, une habitude dans la Saga Gundam. On saluera cependant le fait qu’elle conserve une animation traditionnelle de qualité pour les mechas, là où la majorité des studios cèdent de plus en plus à la 3D. Et au vu des résultats de scènes entièrement dans 3D qu’on peut voir dans Gundam The Origin, espérons que le recours à l’animation traditionnelle continue encore pendant longtemps pour Gundam. Au global, les scènes d’action de la série sont très dynamiques et bien exploitées. On regrette cependant que les autres séquences ont parfois tendance à être un peu trop statiques ou manquant de détails.

L’ambiance musicale de la série est composée par Masaru Yokoyama. Le thème principal de Gundam IBO est très dynamique et agréable. Pour le reste, l’ambiance musicale est comme souvent, relativement effacée et absente, et peu de thèmes ont marquants. Ce point sera à développer au fur et à mesure de l’avancement de la série. Niveau génériques, le premier d’ouverture est la chanson « Raise your flag » du groupe Man with a Mission, tandis que celui de fin est « Orphans no Namida » du MISIA. Deux thèmes sympathiques et dynamiques. Une bonne mention au générique d’ouverture dont l’animation est excellente.

Conclusion

Gundam Iron-blooded Orphans revient dans les rangs après un bide commercial, quelques expérimentations et un OVNI qui sont passés ces dernières années. Prenant place dans un contexte plus dur et violent (peut-être un peu trop selon des groupes de spectateurs japonais), la série part sur un terrain un peu moins habituel avec un panel de protagonistes très varié. Malgré une narration parfois lente, hésitante, et des épisodes clairement inutiles, la série arrive à se suivre mais on sent clairement qu’elle a été développée pour être en deux parties. Si la première aurait pu être plus riche en événements, on espère que la seconde saura remonter le rythme d’un niveau après la fin épique du premier arc. 


Fiche Technique

Dates de sortie