index.jpgIl aura fallu cinq ans pour que Yoshiyuki Tomino revienne sur la Saga Gundam, avec la très contestée ∀, dit Turn A, Gundam. Sortie en 1999, Turn A Gundam se déroule sur 50 épisodes qui ont enchainé une paire de films récapitulatifs comme dans la grande tradition des films Gundam. Réalisée pour le 20eme anniversaire de la Saga, Turn A nous propulse dans un univers où la Terre a régressé à une ère industrielle façon début du XXème siècle. Le plus surprenant dans ∀ Gundam reste le fameux Turn A designé par Syd Mead. Sa vision d’un Gundam est fort peu orthodoxe comparée au design classique. Le Gundam Moustachu comme il est surnommé, a rebuté bon nombre de fans.

Histoire

En CC 2345, la Terre est revenu à l’ère industrielle qu’elle a connu au début du XXème siècle. Cependant, sur la Lune vivent les Moonrace, des humains qui y ont migré suite à une immense guerre qui failli ammener la planète à sa destruction. Tout ceci est connu, et renié pour certains, comme étant l’Histoire Sombre. Sur la Lune, deux ans auparavant, furent envoyés trois émissaires chargés d’explorer la Terre pour savoir si elle est convenable au retour des Moonrace sur leur planète natale. L’équipe se sépare à son attérissage puis trouve un travail pour s’intégrer dans la société humaine.

Deux ans après donc, ils sont intégrés dans la société. Loran, l’un d’eux, est chauffeur pour un aristocrate mineur. Il est assez lié avec l’une des deux filles de la famille, Sochie Heim, et troublé par l’ainée, Kihel Heim, à cause de la frappante ressemblance de cette dernière avec Dianna Soriel, reine des Moonraces. Alors qu’ils enduraient un rituel de passage à l’âge adulte devant une statue connue sous le nom de “White Doll”, des Mobile-Suits provenant de la Lune arrivent alors et les Terriens commencent à se défendre face à l’envahisseur. Sous le feu de l’action la statue du White Doll s’effondrera se révélant être un Mobile-Suit caché de l’Histoire Sombre, le Turn A Gundam. Loran connaissant le fonctionnement des MS parviendra à manoeuvrer la machine qui activera alors un système d’auto-défense attaquant l’ennemi. Il s’avère que les Moonraces ont décidé de leur retour sur Terre, mais les habitants de la planète voient ça comme une invasion, des milices se forment, ainsi qu’un mouvement de résistance, alors que les nobles tentent de négocier des cessez-le feu.

Au coeur de tout cela, Loran ne saura plus trop quoi penser, lui-même étant Moonrace, engagé dans la Milice, et devant aussi répondre à son idéal de paix entre les deux peuples. C’est le début d’une guerre où chaque camp a sa part de trahison et de tragédie…

Aperçu

intro.jpgTurn A Gundam est une série à concept qui en a rebuté plus d’un à cause de ses grandes différences avec la saga Gundam. Néanmoins, nous avons affaire à une série travaillée et intéressante. En effet, elle sort du manichéisme qui entoure souvent une série de Gundam.

Ici nous avons plusieurs factions avec chacun leur conflit interne et leur but. Les personnages sont bien développés et fidèles à leurs idéaux. Pas de gentil ni de méchant, juste des interactions entre eux qui dénouent l’intrigue complexe de la série. En effet, nous découvrons en même temps qu’eux tout ce qui constitue la fameuse Histoire Sombre, sans oublier la course à la découverte des reliques provenant de cette noire période pour l’humanité. Bon nombre de théories circulent concernant le Correct Century. Selon beaucoup il s’agit d’une suite de l’UC, extrêmement lointaine.

Ce qui évidemment est le plus frappant dans la série est le mecha-design. Le mecha-designer principal de la série est Syd Mead, très connu dans l’univers de la SF et du design industriel, cet américain s’est illustré dans la conception d’architectures futuristes pour des films comme Star Trek, Tron, Short Circuit, Blade Runner…, mais aussi sur des conception réelles dans l’industie automobile. Le Turn A est un mecha qui sort des conventions habituelles d’un Gundam en terme graphique. Certains aiment, d’autres non, question de goût. Néanmoins on reconnaîtra une grande recherche dans le détail pour la réalisation, les mechas ne sont pas lisses et unicolores, mais bien amochés et cabossés. Par conséquent nous avons droit à un dessin détaillé et réaliste.

Il est intéressant néanmoins de voir des têtes connues dans la série en terme de mechas. En effet, on retrouve ces bons vieux Zaku entre autres, des pièces de musée qui sont prêts pour le combat. D’un autre côté, nous avons des Mobile-Suits extrêmement avancés techniquement, comme le Turn A bien entendu, mais aussi son frère le Turn X.

Tout ceci concorde sur une réalisation globale de très bonne qualité. La série se targue de quelques rares séquences 3D assez peu convaincantes. Dans l’ensemble, l’animation est d’une qualité proportionnelle au nombre de détails du dessin, cela reste fluide et agréable, l’action est dynamique, on ne voit pas non plus de reprise excessive de scènes.

Dernière touche sur l’ambiance musicale de la série. Turn A propose un OST signé par Yokô Kanno. Grande figure de la musique dans le domaine, la dame nous gratifie de mélodies qui lui sont chères tel que des choeurs, des mélodies simples mais agréables, et qui donnent un sens aux scènes. L’ambiance de la série est bien accentuée avec des musiques aux sonorités modernes, rétro, mais aussi pas mal de chants tribaux qui amplifient grandement le contraste technologique entre la Terre et les reliques du passé. L’OST de Turn A est dans l’ensemble une grande réussite dont nous n’attendions pas moins de la part de Kanno, même s’il ne s’agit pas non plus de sa plus grande oeuvre. On notera par ailleurs une certaine ressemblance dans le choix des instruments et des choeurs avec l’OST d’Escaflowne. 

Turn A Gundam fait partie d’un officieux ensemble de séries réalisées par Yoshiyuki Tomino qui n’ont pas réussi à séduire leur public à leur sortie. En effet, peu avant Turn A, Tomino réalisa Brain Powerd qui était travaillée par une équipe équivalente et avec des membres tout aussi prestigieux. Cette série eut des grandes difficultés pour trouver son public, tout comme Overman King Gainer réalisée peu de temps après Turn A Gundam. Toutes ces séries, contestées à leur arrivée, ont fini par gagner un ensemble de fans et avec le temps elles ont réussi à obtenir une meilleure estime. Un cas qui s’est également répété quinze années plus tard dans la Saga Gundam avec la série Gundam Reconguista in G, elle aussi créée par Yoshiyuki Tomino.

Conclusion

Turn A Gundam est une série qui n’a pas son pareil dans la saga. Le scénario et le développement des personnages est sans précédent pour Gundam, il abouti à un final très intéressant et différent de ce dont nous avons l’habitude de voir. Mention spéciale pour la fameuse Histoire Sombre qui est englobe beaucoup plus qu’on ne pourrait le penser à la base… Turn A donne ce qu’on attend à Gundam, à savoir un scénario riche, des personnages développés, et une trame intéressante à suivre. Série unique dans la Saga, elle est mal aimée à cause de lenteurs de développement et d’éléments très différents des habitudes, mais la rater serait une erreur. Alors qu’elle fut annulée aux USA suite à l’arrêt de l’éditeur Bandai Entertainment, elle quittera finalement le Japon durant l’été 2015 avec une sortie DVD sur le sol nord américain. En France, nous avons pu découvrir le début du manga via la prépublication dans le Shonen-Collection de Pika. Malheureusement sans suite…


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